Le Race, sa race
Ce titre mérite une explication. Je vous avez parlé du petit village français, Akaroa, qui aime utiliser les pronoms français avec des mots anglais. Le Race est une course cycliste sur route connue de tous ici, entre Christchurch et Akaroa, 100km pile, en passant par la baie du gouverneur, avec 1800m de dénivelée, pas vraiment une balade de santé. On traverse toute la péninsule de Banks et rien que ça c'est chouette.
C'était le 29 mars et je me devais d'y participer pour représenter la France, à un moment où notre beau pays virait à l'extrême droite, moi je me préparais à rouler à gauche durant 100 bornes. J'étais plus ou moins entrainé, mais j'étais surtout habillé comme un cador.
1. A l'arrivée, chaud mais pas fatigué (prise par Jacinta) 2. Avec la baie d'Akaroa en background (les photos en action sont prises par les paparazzi de la course, et j'ai pas résisté à les acheter)
On était presque 600, comme d'hab mon Trek 2000 tout alu pesait une tonne avec l'eau, les victuailles, les kits anti-crevaison (chat échaudé craint l'eau froide).
J'avais une stratégie que des anciens coureurs m'avait conseillée: partir vite dans la 1ere côte, rouler au milieu d'un peloton une fois sur le plat, et tout lâcher à la fin. En fait, j'ai rien pu appliquer.
Pédaler dans une foule de vélo, c'est marrant, et j'avoue que de n'entendre aucun bruit sur la route à part celui des gommes de pneus grattant le bitume, est assez grisant.
Je pars bien mais pas vite car mon objectif est de finir. J'arrive enfin sur le plat au bout de 58mn, après déjà 700mD+. C'est parti pour 28km de plat face au vent. Je tente des pointes seul à 35k/h et espère accrocher un peloton que je vois au loin, mais je n'y arrive pas. Un groupe de 15 me rattrape, ils sont à 37-39k/h, j’essaie de suivre, mais le peloton me mange, puis me digère. Me revoilà seul. Dix km passent. Un autre peloton arrive, et m'avale avec la même gloutonnerie. Quand j'étais au milieu de cet amas d'enzymes digestives, je me sentais bien, je pédalais comme un agneau docile, mais ça allait vraiment trop vite. J'ai ensuite subi une 3ème digestion, et puis la 2ème côte est arrivée et j'en ai remangé certains. Miam. Cependant, à chaque fois qu'un peloton me passait, il y'avait soit une tape sur l'épaule, soit un "bonjour la France". Friendly people, that's New Zealand is all about.
Les derniers 40k furent durs et là où la course commence vraiment. Une côte à 14% au milieu qui m'acheva. J'ai posé le pied 1mn. Et suis reparti bien mieux.
Je finis 385 sur 560, à 25k de moyenne. Je pouvais pas faire mieux ce jour là, même si j'avais caressé l'espoir de faire 3h30. Pour cela, un meilleur training et un beau vélo carbone auraient surement aidé. A l'arrivée, je ne sais pas ce qui m'a pris j'ai levé les bras et dis bonjour, bonjour, bonjour à la foule, comme un Jacques Chirac entrant au salon de l'agriculture. Fierté quand tu nous tiens...
So far, so good