En passant par Samarcande
Notre parcours est simple: Tashkent - Samarcande-Boukhara-Qarshi-Samarcande-Tashkent, soit environ 900kms. Et on passera deux nuits à Samarcande. Cette cité prestigieuse fut la capitale durant plusieurs siècles suite à une décision de l’empereur Emir Temur aussi appelé Tamerlan, au 15èeme siècle. Hélas, elle a perdu son statut avec l’annexion soviet qui a déclaré Tashkent comme point névralgique administratif.
1. Road map du voyage. Ah oui, on s'approche quand même à 250km de l'Afghanistan, j'aurais du me renseigner avant...
Tous ou presque sont passés par Samarcande comme Alexandre le Grand et Gengis Khan, cependant Marco Polo manque à l'appel, quelle nouille celui là. Quant à Corto Maltese, suis sur qu'il n'a pas fait la même erreur.
Mais durant ce passé illustre, le sacré Tamerlan a fait ériger ce mausolée incroyable pour son fils décédé jeune. Ce dôme à la mosaïque turquoise est incroyablement beau. A chaque heure de la journée il dégage une beauté dans sa rotondité, dans son volume, dans sa pureté, et dans son choix des couleurs. Comme je dormais à l’arrière de la voiture en arrivant en ville, je n'avais rien vu. Puis j’entre dans l’hôtel, je monte à l’étage et là je tombe sur ce dôme magnifique. J’ai été bluffé. J’aime ça.
Mon auberge est à 50m de ce chef d’œuvre pour la somme modique de 15€ la nuit. Le tourisme n’est pas encore une institution dans ce pays et les prix sont bas. Même si, comme partout dans l’ex-URSS, il y a les prix pour étrangers et pour les locaux (50% moins cher voire gratuit).
Samarcande n'a pas de centre historique. Sa richesse tient en quelques lieux, certes magiques, mais distants les uns des autres, elle a donc un charme différent de Bukhara que l'on verra bientôt.
A contrario, on m’aurait lâché dans Tashkent sans me dire ou j’étais que j’aurais dit l’Ukraine ou la Russie, comme Donetsk ou Simferopol, tellement c’est moche. Tout est pareil, les rues, les ronds points, les trous dans le bitume, la forme des poubelles, les magasins, les tenues des passants, les ladas, et bien sur la langue russe. C’est déroutant. Après, il y a une grosse différence, c’est les visages des gens: du type mongol au type asiatique, avec tous les intermédiaires, et là on se dit qu’on est bien dans un pays de migration. Et puis ce n’est que Tashkent, car ailleurs on y trouve quand même des spécificités.
5. Immeuble kroutchévien dans toute sa splendeur 6. Petites annonces en bas de l'immeuble, comme des bouteilles à la mer vers un horizon plus bleu
Le pays est immense et pâti d’un réseau routier hélas très mauvais. On a bien pris une autoroute entre Tashkent et Samarcande (300km), mais c’est une autoroute à trous, où les passants traversent, les vélos roulent à contre sens, les enfants jouent sur le terre plein central. Bref on est contents d’avoir un chauffeur, car ça prend cinq heures.
Je découvre donc ce pays de 30 millions d'habitants, qui fait tout pour s'éloigner des russes. Ils ont pris l'alphabet latin et la langue ouzbek ressemble beaucoup au turc. De plus ils sont autonomes en céréales, en gaz, pétrole, ont de l'uranium et leur économie agricole est riche de 40% d'exportation de coton. Ce pays a pour vocation d'être leader en Asie centrale dans les décennies à venir, loin devant ses proches "ennemis" que sont les turkmens et les kyrghyses.
Deux livres à conseiller, dont un que je n'ai pas encore lu: Samarcande d'Amin Maalouf, et le second de Philippe Valéry, Par les sentiers de la soie, qui est allé à pied jusqu'en Chine. Il est parti en août 1998, sans avoir le choix dans la date et arriva en octobre 2000. Ses pages sur l’Ouzbékistan sont assez belles et touchantes.
So far, so good