Namche quel bazar
Arriver à Namche bazar en ce matin d'octobre, fut au niveau émotionnel du même acabit que lorsque je suis arrivé à Samarcande, un jour de juillet 2015 (http://runtheworld.over-blog.com/2015/07/en-passant-par-samarcande.html). J'arrivais avec le poids de récits du passé qui avait rempli mon imaginaire. Cet imaginaire issu des montagnards précurseurs qui sont passés par Namche pour des conquêtes réputées impossibles de l'Everest, du Lhotse, du Cho Oyu, du Makalu et j'en passe. Namche c'est tout ça en arrivant, puis en repartant, ce sera tout autre chose, car j'aurai fait une mise à jour 2.0 de mon logiciel d'imaginaire. Assez de jérémiades, passons au concret.
1. Caravane avant Namche 2. Cette double passerelle est en contre bas de Namche, à l'étage inférieur le bétail passe, au dessus c'est nous. C'est juste après, dans une montée que l'on découvre pour la première fois l'Everest, loin, très loin, mais ayé on l'a vu. J'étais loin d'imaginer que je n'allais même pas vous montrer cette photo, car ce qui arrivera bientôt est du XXL.
Le village, situé à 3440m, est surnommé le village des sherpas. Il est construit en arc de cercle et prend de loin des airs de Valparaiso, sans l'océan à ses pieds. La "rue" principale est bordée d'une succession de moulins à prières entrainés par le courant du torrent, au bas duquel, on découvre un grand lavoir à 3 étages, où les habitants viennent laver et frotter leur linge à l'eau très froide, qui ensuite au fil de linge. Faut aller laver tôt car vers 16h le soleil est déjà de l'autre côté. Nous, on s'est un peu fait avoir, on est allés laver vers 15h, et ensuite on a trainé nos fringues mouillés durant 2j.
3. Pas besoin de moteur, l'eau fait tourner les prières h24 4. L'eau des montagnes de granite ne facilite pas le lavage, surtout avec une eau à 10°C, alors on frotte, on rince, on refrotte, on rerince etc. 5. Carré noir sur fond bleufrotte
Les toits en tôle bleue, rouge ou verte reflètent la lumière. Toutes les maisons sont faites de pierres en granite, taillées sur place et mises directement dans le mur. On appelle ça le circuit court de la maçonnerie.
Durant cette pause de deux jours à Namche, principalement pour s'acclimater à l'altitude. On s'arrête 1h au centre "Sagarmartha next!" qui est un lieu récent d'art contemporain et de sensibilisation des touristes à la pollution dans la vallée, une pollution générée par les locaux et les touristes. Tommy nous accueille dans un très bon français. Il doit être hollandais, mais il n'a pas vendu la mèche. Il gère ce centre grâce à des subventions privées du monde entier dont le but est d'accueillir des artistes en résidence et les faire créer sur la thématique du déchet. On en a profité pour vivre un moment de réalité virtuelle en se mettant un casque sur les yeux, et d'un coup on était transporté sur les pentes de l'Everest. Bluffant et fascinant.
Ensuite, on monte vers l'hôtel japonais 5*, construit en 1971 qui culmine à 4000m. La vue est imprenable et saisissante sur la chaine de l'Everest depuis la terrasse. Mais comment dire? on se sent déconnectés de cette opulence pour riches trekkeurs. Les chambres sont à 250€ la nuit, et boire un thé, un café ou bière hors de prix que l'on sait portée depuis le bas par un porteur vivant dans la pauvreté, on a préféré partir. A 100m de là, un rocher, un piquenique improvisé, et la même vue imprenable et saisissante sur la chaine de l'Everest. La redescente vers Namche, se fait par le hameau de Khumjung. On s'enfile un dal bhat en terrasse surplombant un stupa. Le lieu est paisible. Des femmes récoltes des bouses de yak. Une autre vient tourner la bouilloire sur le chauffe eau solaire. Voilà la réalité que l'on est venu chercher.
10. de gauche à droite, Everest, Lhotse, Nupse, et tout à droite l'Amada blam 11. Fausse note d'altitude 12. Suivez le cairn, et il vous ménera sur le toit du monde
On aura fait quelque 400mD+, histoire de s'acclimater encore un peu plus, puis on redescend à Namche. On fait ainsi des sauts de puces quotidiens, pour anticiper tout problème respiratoire/cardiaque. C'est la stratégie de notre guide, et pas le choix que de la suivre, même si dans le groupe on compte des capitaines Haddock qui grilleraient bien les étapes. Pour finir la fin de journée en apothéose: shopping à Namche pour dépenser nos roupies. Le change des euros se fait en toute simplicité. On entre dans une boutique sans porte, on file nos biftons à un gars en pleine conversation, d'un coup le courant se coupe (cela arrive plusieurs fois dans la journée), il sort sa calculette devant nous, tape le taux de change, et tombe alors le chiffre qu'il nous rend en biftons en roupies. Billets de 1000, 500 et même de 5, qui n'est rien que 4 cts d'Euros. On a vite les poches pleines au Népal, mais en déambulant dans Namche, on se retrouve vite les poches vides.
So far, so good
13. Babioles in babylone 14. Un touriste testant la sonorité des bols tibétains, on en trouve en sol, en ré, en mi; ces bols sont faits pour vibrer dès qu'on les effleure avec un bâtonnet de bois; ces vibrations apaisent et soignent tous les maux, dixit les bouddhistes ; certains excentriques les utilisent comme cache seins pour leur femme prétextant des rites tantriques érotiques; l'histoire ne dit pas si la femme y trouve son compte, j'espère que oui car ce serait vraiment un manque de bol.