Coeur avec les mains, hamdullilah

Publié le par Run

L’Egypte ne pouvait pas être que ce que je vous ai dépeint depuis 3 jours, sinon passez vite votre chemin et n’allez voir que les pyramides, un peu de plongée en Mer Rouge et rentrez chez vous avec de belles photos. Il y avait forcément un petit supplément d’âme qui fait qu’un pays reste avant tout un pays grâce à son peuple. je l’effleure depuis lundi, ce peuple de la terre et des villages. Chez nous les tomates sont encore dans les sachets à graines, mais ici, on se sert déjà sur les pieds nourris au soleil. Farrag travaille pieds nus dans son champ. Ses tomates sont ses bébés; il sélectionne ses propres graines d’une année sur l’autre. Une fois mûres, il va les vendre au marché. Il les arrosent tous les dix jours par irrigation, jusqu’aux premiers fruits, et après il arrête. Les racines, bien ancrées dans le sable n’ont ensuite plus besoin d’eau, c’est dingue non? Les poivrons, les courgettes, et les aubergines sont arrosés tous les deux jours. Ici, on a la tomate ronde, mais aussi la coeur de boeuf, qui a bien sur un autre nom. Elles sont charnues, aromatiques en bouche, et une pincée de sel du lac suffit à en faire un déjeuner. Sauf que ce n’est pas une tomate qui me rassasiera.
1. Champs de tomates, à 100m de la mer, en ligne sur du sable pur et protégés de cannes de Provence comme brise vent 2. Premières tomates de l'année 2023, je me lache 3. Farrag, un homme à qui on apprend pas à faire pousser des légumes.
1. Champs de tomates, à 100m de la mer, en ligne sur du sable pur et protégés de cannes de Provence comme brise vent 2. Premières tomates de l'année 2023, je me lache 3. Farrag, un homme à qui on apprend pas à faire pousser des légumes.
1. Champs de tomates, à 100m de la mer, en ligne sur du sable pur et protégés de cannes de Provence comme brise vent 2. Premières tomates de l'année 2023, je me lache 3. Farrag, un homme à qui on apprend pas à faire pousser des légumes.

1. Champs de tomates, à 100m de la mer, en ligne sur du sable pur et protégés de cannes de Provence comme brise vent 2. Premières tomates de l'année 2023, je me lache 3. Farrag, un homme à qui on apprend pas à faire pousser des légumes.

Dès qu’on rentre dans un champ, le paysan apparait, en djellabah toute propre, remontée sur les cuisses; on dirait un apiculteur. On sait qu’on va avoir droit à un discours et des questions. Rien de plus normal. Mon collègue Soliman est là pour y répondre, car mon arabe est, hélas, un peu limité. Chez nous ce serait « vous faites quoi dans mon champ? vous n’avez rien à faire là, partez stp ». Ici c’est « Salam aleikoum, vous venez prendre un thé? », ou bien « servez-vous en tomates, remplissez ce cageot ». C’est là, qu’on prend une claque d'humanité, une de ces claques qui amènerait presque à tendre l’autre joue, mais ici c’est musulman, alors c’est pas la tradition. Enfin pas totalement musulman, car notre chauffeur Mr Ibrahim aka Omar Shariff, est copte. Je me souviens d’un de mes premiers voyages en Turquie, voici vingt ans. Dans un champ entre Istanbul et Ankara, déjà à ramasser des plantes, Mohammed est venu m’alpaguer. Je connaissais 5 mots de turcs, je baragouine un peu, il me dit qu’il a 10 enfants, et s’en va. Il revient 10mn plus tard avec un plateau et le thé, qu’on a bu sous le cerisier. Les égyptiens de la terre sont du même tonneau. Si on touche pas à cette part d’un peuple, alors on passe à côté du pays. Je ne dis pas que les égyptiens des touristes sont faux, mais le relationnel est forcément biaisé par l’argent. Ici, entre palmier et tomate, on est dans le vrai, les deux pieds ancrés dans le sable.
4. On est pile là, entre lac Idku et mer, une zone d'eau saumatre et de fort commerce 5. On malaxe, on aplatit, on malaxe et on jette dans la friture, hop le falafel est prêt
4. On est pile là, entre lac Idku et mer, une zone d'eau saumatre et de fort commerce 5. On malaxe, on aplatit, on malaxe et on jette dans la friture, hop le falafel est prêt

4. On est pile là, entre lac Idku et mer, une zone d'eau saumatre et de fort commerce 5. On malaxe, on aplatit, on malaxe et on jette dans la friture, hop le falafel est prêt

On parle, on parle, mais ça donne faim. On est à Al Myaddiyyah dans le delta du Nil, précisément là où la mer entre dans la terre pour former le lac Idku; un peu leur étang de Thau, sans les huîtres. On achète tout sur le marché, falafels (10 pour 20EGP, soit 70cts€), des calamars (1kg pour 200EGP, soit 6€), et du poisson blanc. Ici, on achète le matos et on va le faire griller ailleurs, pour le manger encore ailleurs. Y’a pas plus circuit court.
6. Le marché est sur les rails du train qui passe vers 13h, et tout le monde s’écarte 7.  Les tomates sont si bonnes que mêmes les fantômes viennent en acheter
6. Le marché est sur les rails du train qui passe vers 13h, et tout le monde s’écarte 7.  Les tomates sont si bonnes que mêmes les fantômes viennent en acheter

6. Le marché est sur les rails du train qui passe vers 13h, et tout le monde s’écarte 7. Les tomates sont si bonnes que mêmes les fantômes viennent en acheter

On sent la pauvreté, mais ça bosse en claquette ou pieds nus. Si jamais vous voulez venir en Egypte et passer inaperçu, baladez vous en claquettes, en ville, dans les champs, sur les chantiers autoroutiers, la claquette est le top de la mode. Les pêcheurs partent en barque dans le lac avec leur filet et ramène le poisson dans des cuvettes qu’ils posent aussitôt au sol pour le vendre. Nos calamars sont arrivés cuisinés avec une sauce tomate piquante et nos poissons brûlés dessus mais avec la chair hyper fondante. Le thé, comme toujours est venu clôturer le repas. C'est le résumé d'un repas "street food" où aucun étranger ne vit. Et comme on dit ici quand on a bien mangé tout en se tapant le ventre: « Baraka ».
 
So far, so good
8. Etal de poissons, crevettes, calamars venant du lac et de la mer 9. le zèbre du lac 10. Des gondoliers sur le lac qui jouent les pêcheurs; les plantes vertes en surface sont des jacinthes d’eau, une vraie peste végétale mondiale qui bouche les cours d’eau et les lacs; une solution existe grâce à un insecte qui bouffe toutes les feuilles, mais l’Egypte n’a pas encore initié ce programme de lutte biologique. On y travaille…11. Les pêcheurs à peine sortis du lac
8. Etal de poissons, crevettes, calamars venant du lac et de la mer 9. le zèbre du lac 10. Des gondoliers sur le lac qui jouent les pêcheurs; les plantes vertes en surface sont des jacinthes d’eau, une vraie peste végétale mondiale qui bouche les cours d’eau et les lacs; une solution existe grâce à un insecte qui bouffe toutes les feuilles, mais l’Egypte n’a pas encore initié ce programme de lutte biologique. On y travaille…11. Les pêcheurs à peine sortis du lac
8. Etal de poissons, crevettes, calamars venant du lac et de la mer 9. le zèbre du lac 10. Des gondoliers sur le lac qui jouent les pêcheurs; les plantes vertes en surface sont des jacinthes d’eau, une vraie peste végétale mondiale qui bouche les cours d’eau et les lacs; une solution existe grâce à un insecte qui bouffe toutes les feuilles, mais l’Egypte n’a pas encore initié ce programme de lutte biologique. On y travaille…11. Les pêcheurs à peine sortis du lac
8. Etal de poissons, crevettes, calamars venant du lac et de la mer 9. le zèbre du lac 10. Des gondoliers sur le lac qui jouent les pêcheurs; les plantes vertes en surface sont des jacinthes d’eau, une vraie peste végétale mondiale qui bouche les cours d’eau et les lacs; une solution existe grâce à un insecte qui bouffe toutes les feuilles, mais l’Egypte n’a pas encore initié ce programme de lutte biologique. On y travaille…11. Les pêcheurs à peine sortis du lac

8. Etal de poissons, crevettes, calamars venant du lac et de la mer 9. le zèbre du lac 10. Des gondoliers sur le lac qui jouent les pêcheurs; les plantes vertes en surface sont des jacinthes d’eau, une vraie peste végétale mondiale qui bouche les cours d’eau et les lacs; une solution existe grâce à un insecte qui bouffe toutes les feuilles, mais l’Egypte n’a pas encore initié ce programme de lutte biologique. On y travaille…11. Les pêcheurs à peine sortis du lac

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G
Euh, le train, il va passer, hein!
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V
Photo#7 : Dingue ! je ne la voyais pas. J'ai cru un instant que c'était un jeu : "il y a une panthère cachée dans cette image, saurez-vous la retrouver ?"
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F
Merci pour ce magnifique voyage culinaire....<br /> J'en salive à la lecture de ce bel article !!!!<br /> Baci.
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M
On ne peut pas non plus aller en Egypte sans parler de la façon dont on y traite les animaux, ces pauvres ânes qui tire des charges honteuse. Et tous ces chats sur 3 pattes, la pauvreté n'excuse pas. Bon j'arrête là je sais que ta sensibilité est ailleurs. .
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M
Toutefois dans le désert pas de poissons ;-)
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M
Voilà c'est bien tout ce que j'ai vu dans les villages des oasis du désert Lybique et dans le Sinai c'était différent puisque pas le même peuple des bédouins. L’Égypte comme tous les pays est un tout son passé et son présent (quand à parler du futur ?!)
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