L'eau à la Boca
J’en parlais au départ, les italiens sont ici un peu chez eux, avec 15 à 20M d’argentins d’ascendance ritale. Pour autant ça ne parle pas italien dans les rues. Par contre, il m’est arrivé de taper la causette avec certains une fois que le contact pris. Qui un grand père, qui une grand mère, ou un grand oncle, la connexion est directe. La ville est parsemée de ces réminiscences comme du parmesan sur un plat de capelletti. Souvent ce sont des noms qui sonnent italiens, mais il y a une chose étonnante qui sort du lot: Un objet bien tanqué dans la pelouse de la Plaza Italia, la bien nommée, un objet qui n’a rien à faire là, et qui a été volé à Roma, une demi colonne de l’ancien forum. Elle n’est pas protégée et trône en plein carrefour devant tous les bus qui défile. En se creusant un peu la tête, on peut affirmer que c’est le monument le plus vieux présent sur territoire américain.
1. Une colonne qui passe inaperçue, mais à présent plus pour vous 2. L"huile argentine avec un nom pareil ne fait aucun doute sur l'origine des producteurs
Quand on quitte cette Plaza par le métro, direction Plaza de Mayo, pon saute dans le bus 64 et on arrive au fameux quartier de la Boca. La Boca tient son nom, « la bouche », car le quartier est dans l’embouchure du fleuve Riachuelo, sur les rives duquel à été construit le premier port de la ville, et qui se jette dans le Rio de La Plata. C'est là que les immigrés sont arrivés en masse ici. C'est en fait une grande vague d’immigration européenne durant les années 1860-1930, avec principalement des Italiens Génois, qui ont participé à la naissance du tango. Ces derniers travaillaient à la maintenance des bateaux et pour l’industrie bouchère naissante (et oui c'est encore un gros pôle industriel du pays, qui a d'ailleurs vu son avènement avec l'apparition des frigos et chambres froides qui ont permis de stocker toute cette viande avant exportation ou consommation, mais nous en reparlerons). Une fois le port quitté, on s’engouffre dans le Caminito (le petit chemin). J’y suis allé deux fois, par temps gris et par grand beau, et y’a pas à hésiter, le soleil transcende le lieu.
C’est hyper-giga-grave touristique, au point qu’en arrivant à pied par un autre quartier on se sent seul à une rue près, puis d’un coup BOUM. On trouve surtout du tourisme sud-américain. La Boca célèbre ses héros, Diego bien sûr, mais aussi Carlos Gardel pour la musique, Evita Péron. Ils sont grossièrement représentés sur le balcon, c’est un peu mauvais goût.
Mais ce qui marque, ce sont ces maisons faites de tôles peintes et de bois multicolores. Les volets sont en fer. C’est un amoncellement à la napolitaine, peu de plan architectural, mais ça passe, et c’est beau. Jugez par vous-mêmes.
8-11 Deux légendes se bousculent pour expliquer ces couleurs: a) les immigrés italiens ne pouvaient se permettre de dépenser pour enjoliver la façade de leur maison de tôle et de bois. Ils demandèrent aux autorités portuaire le reste de peinture des navires. Cependant, le restant des pots ne suffisaient pas à rénover la maison d’une seule couleur, alors le mélange des couleurs donna un résultat lumineux et très plaisant. b) la seconde légende raconte que les couleurs ont servi à effacer la pauvreté inhérente au quartier, et attirer les touristes.