Fort comme un turc

Publié le par Run

Le grand homme du pays est Mustafa Kemal, aussi appelé Atatürk, le premier Président de la république laïque de Turquie dans les années 1920. Dans la Turquie moderne, il ne passe en effet pas inaperçu, puisque son effigie est partout, dans chaque restaurant, hôtel, bâtiment public ou privé, et jusqu'à la simple échoppe qui vent de l'alcool. Quel paradoxe quand même, car le pauvre Atatürk est mort d'une cirrhose à l'age à 57 ans; dans un pays où l'alcool est quasi prohibé, sauf dans les zones à touristes, ça peut faire sourire. En effet l'actuel Président, Erdogan, a proposé une loi de restriction de vente en 2013, s'appuyant sur l'argument que l'alcool en Turquie avait été mis en place par un alcoolique...Atatürk. Tollé général, sauf que dans les faits, le texte est passé.

La dérive islamisante que tente d'imposer Erdogan au seul état laïc du monde musulman passe mal, même si les urnes le plébiscite depuis 13 ans pour mener le pouvoir. En effet l'inscription de la laïcité dans la constitution turque, le droit de vote des femmes (20 ans avant la France...), et le remplacement de l’alphabet arabe par l'alphabet latin, est tout à mettre au crédit d’Atatürk. Il était fort le gars, malgré des dérives privées. Cependant, en voyant la Turquie de 2015 avec ses restrictions de liberté, le pauvre doit se retourner dans sa bouteille de Raki.

1. Entourée de ma plante favorite, l'orge à tête de méduse qui m'ammène en Turquie, voici une bouteille de raki jetée dans un champ avec en son coeur le triste cadavre d'un ténébrionide malchanceux.

1. Entourée de ma plante favorite, l'orge à tête de méduse qui m'ammène en Turquie, voici une bouteille de raki jetée dans un champ avec en son coeur le triste cadavre d'un ténébrionide malchanceux.

Il reste quand même des plaisirs en Turquie, dont un qui vaut le détour, et qu'Erdogan ne devrait pas réglementer. Sautons donc le coq et l'âne et un passage obligé en Turquie pour le voyageur que je suis, est le hammam. Non seulement parce que cela assainit, adoucit, voire purifie le corps, mais aussi parce que c'est un moment de convivialité. Je m'en souviens d'un dans le centre ville d'Erzurum capitale de l'Anatolie orientale, ou avec des collègues, dont le dirlo de l'Université, on s'était retrouvés emmitouflés dans des serviettes à boire une limonade après 2h de hammam. Un vrai bonheur. Mais le hammam qui a ma préférence est celui d'Ürgüp, ville centrale de Cappadoce. C'est un vieux hamam, qui a aussi l'avantage d'être mixte, fait très rare, et pas cher : 15 lire turques, soit env. 5€ (pour massage, rajouter 10TL). On peut donc y aller en famille, ou entre collègues, comme nous, après notre journée dans les champs. Il y a une salle principale et quatre alcôves.

On se savonne, on se shampouine, on prend des douches fraiches, on s'allonge sur une dalle commune pour profiter de la coupole, et on passe dans la salle où le feu brule sous la pierre, et là, à chaque fois, j'ai une petite idée de ce qui m'attendra en enfer. Autours de 60°C je pense, j'y reste 10mn, puis je refais le cycle lavage/douche/repos. Dans ce hammam, il m'en est arrivé des trucs: une fois on m'a pris pour le buteur de l'équipe de foot voisine, et une autre fois j'ai accepté le massage optionnel du masseur des lieux, pas un grand et imposant turc avec une moustache, mais juste un petit maigrichon, par contre une fois qu'il m'a pris en main....il était fort comme un turc...un peu comme là.

Là s'achève mon périple ottoman, certes court, mais intense, avec quelques charançons récoltés et donnés à mon collègue pour monter les expériences en mon absence. Je reviendrai bientôt. On ne peut jamais rester trop loin de ce pays d'Asie.

So far, so good

Fort comme un turc

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