On arrive au Portugal comme quand on arrive dans une maison de famille qu'on a toujours connue. Les objets sont là, les gens sont là, et tout nous est familier. C'est comme si l'on s'asseyait dans un fauteuil à la mémoire de forme de notre passé, celui-là même où s'asseyaient notre grand père ou grand mère. Aucune adaptation n'est nécessaire en foulant le sol du Portugal. Les oliviers côtoient les châtaigniers qui côtoient les cerisiers. Le vin rouge ou blanc est posé naturellement sur la table le midi, car c'est juste normal. On y loue le fromage de chèvre, les 4L, la langue française, la simplicité de la vie et la beauté des femmes.

Nous sommes entrés au Portugal par l’extrême nord est qui est la région au delà des monts (Tras-Os-Montés), une région vallonnée mais pas très élevée. Le Portugal n'est d'ailleurs pas une contrée d'altitude puisque son sommet (Serra de estrella), qui s’atteint en voiture, culmine à 1993m.

Il y a quelques mois j'ai contacté un collègue du nom de Carlos, il est botaniste et Prof à l'institut polytechnique de Bragança. Il connaissait notre avoine douteuse et s'est proposé de nous accompagner sur le terrain. Carlos est une langue bien pendue de botaniste, on ne l'arrête pas quand il commence à parler de plantes, et pas que de ça d'ailleurs. Il m'a identifié 2-3 plantes que j'avais récoltées. Grace à lui, on a trouvé deux belles populations de l'avoine douteuse au Portugal, car cette plante est très rare en péninsule ibérique. Jeudi on a passé 6h à arpenter toute une Sierra et on l'a trouvé en fin de journée au milieu d'une prairie où ne l'aurait jamais imaginée. Cette graminée nous bluffe. Mais grâce à Carlos au Portugal, on l'a trouvée. Muito obrigado.

Bien sur après la signature du traité entre les deux chefs des armées, tout s'est fini autour d'une table avec du bacalhau et du vin. La vie normale entre scientifiques en quelque sorte.

So far, so good