Le supplice du serpent

Publié le par Run

Pour ceux qui décideraient de venir voir ici, qu'ils ne sous estiment pas les temps de parcours. La partie montagneuse est fastidieuse, même si grâce à l'UE, la qualité des routes est superbe. En plus, les autoroutes sont gratuites mais limitées à 100. Faut juste bien négocier la conduite à gauche...

1. Revoilà le mont Olympe surmontant les champs labourés prêts à passer l'hiver; 2. La photo est à l'opposé de la précédente, mais cette fois en Turquie; on sent toute l'arrogance de ce drapeau au croissant qui veut montrer à tout observateur que là bas c'est la Turquie.
1. Revoilà le mont Olympe surmontant les champs labourés prêts à passer l'hiver; 2. La photo est à l'opposé de la précédente, mais cette fois en Turquie; on sent toute l'arrogance de ce drapeau au croissant qui veut montrer à tout observateur que là bas c'est la Turquie.

1. Revoilà le mont Olympe surmontant les champs labourés prêts à passer l'hiver; 2. La photo est à l'opposé de la précédente, mais cette fois en Turquie; on sent toute l'arrogance de ce drapeau au croissant qui veut montrer à tout observateur que là bas c'est la Turquie.

Souvent sur les routes, il y a des panneaux marrons pour des églises ou monastères, mais je n'y prête guère attention. Et puis là, au milieu des monts Troodos, le monastère Asinou se signalait à 3km. Le ciel était menaçant, je tourne à gauche. Le lieu doit être couru, vu la taille du parking. Mais en ce jeudi, on était deux. L'extérieur fait penser à un refuge des Cévennes ou à une chaumière bretonne, et on s'attend à sentir la bonne odeur de la galette de sarrasin saucisses. Et puis non. Je pensais, en entrant, voir un crucifix rouillé, deux statuettes et merci pour les cinq euros. Et puis, miracle.

3. Asinou ça rime avec coquinou 4. Je vous ai déjà parlé de ce gardien?
3. Asinou ça rime avec coquinou 4. Je vous ai déjà parlé de ce gardien?

3. Asinou ça rime avec coquinou 4. Je vous ai déjà parlé de ce gardien?

J'hésite donc à entrer, car je vois ce petit bonhomme qui me regarde fixement, au visage buriné, difficile de lui donner un age, peut être avons nous le même. Il tapote sur sa petite table de temps à autre. Et puis j'entre et le salue. Je lui demande pour le masque, et d'un revers de la main, il le balaie. Le lieu est petit, 10m de long tout au plus. Mais quelle claque. Tout est dessiné, peint avec des détails impressionnants. Une merveille. Ce sont des fresques datant de 1105, rénovées ensuite en 1322, et les dernières datent du 18ème. Et tout ça est arrivé jusqu'à nous, sans qu'un branleur les brûle, les vandalise, les vole. Pour seul gardien, il y a donc ce papé bedonnant surmonté d'une casquette coca cola. Je ressors un peu subjugué de cette visite impromptue, moi le non croyant. Ici l'art est bien plus fort que la croyance. Le Papé me dit au revoir de la main, sans rien me demander, même pas une obole pour la préservation du lieu. Je ne peux pas partir comme ça et lui donne la pièce dans le creux de sa main, alors qu'il sortait prendre le soleil. Nos chemins se sont quittés là.

5. Dans ce monastère, un bandeau original, celui des couples enroulés dans des serpents. J'avoue mon ignorance sur le rôle du serpent dans la religion. Vaguement tentateur? rédempteur? guérisseur? Moi ce que j'en vois, c'est que ces couples sont torturés et le serpent ne les aide pas, mais c'est mon côté pessimiste.

5. Dans ce monastère, un bandeau original, celui des couples enroulés dans des serpents. J'avoue mon ignorance sur le rôle du serpent dans la religion. Vaguement tentateur? rédempteur? guérisseur? Moi ce que j'en vois, c'est que ces couples sont torturés et le serpent ne les aide pas, mais c'est mon côté pessimiste.

En partant de Larnaca, je suis monté vers Nicosie, ai traversé les monts Troodos, et me voilà à Limassol au sud, en bord de mer. Je viens voir Georgios, non pas le flamant d'hier, mais mon contact sur l'île. Au téléphone, il ne me paraissait pas tout jeune le Georgios. En le voyant, il est proche des 80. Il vient de se casser l'épaule en plus. En entrant chez lui, c'est direct le salon, et je tombe sur deux murs entiers de livres, que des flores du monde entier. Georgios est The botaniste de Chypre, qui a décrit des espèces nouvelles pour la science. Derrière le salon, à droite de la cuisine, on entre dans une pièce qui est son herbier et ses 30000 spécimens. Un herbier dégage toujours une odeur particulière reconnaissable entre mille. Un jour j'ai envoyé un email à Georgios, car j'avais chopé son nom sur un site de plantes, et il m'avait répondu. Grâce à lui, j'ai pu obtenir mes permis pour récolter. Je lui suis donc reconnaissant. On discute dans le salon autour d'un café chypriote très très épais et deux biscuits au sésame apportés par sa femme. Sa voix est faible, mais parfois il sourit derrière son masque. Je ne m'éternise pas. Je reviendrai le voir à ma prochaine visite, j'espère au printemps. Là, s'achève ce court voyage à mi chemin entre Europe, Orient et Tropiques.

So far, so good

6. Juché sur un tabouret, Georgios le téméraire me montre ce classeur vert où se trouve la plante qui m'intéresse; Georgios l'avait déjà récoltée en 1988, une époque où les seules plantes qui m'interessaient étaient celles montées sur talons, surement aussi dangereures que le supplice du serpent.

6. Juché sur un tabouret, Georgios le téméraire me montre ce classeur vert où se trouve la plante qui m'intéresse; Georgios l'avait déjà récoltée en 1988, une époque où les seules plantes qui m'interessaient étaient celles montées sur talons, surement aussi dangereures que le supplice du serpent.

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